L’économie céréalière au service de la croissance française

Forte de son histoire, de ses performances et de sa puissance exportatrice, la filière céréalière française contribue à la souveraineté alimentaire et aux équilibres socio-économiques de la France. Elle représente un important levier de compétitivité.  

L’agriculture a toujours eu pour mission de nourrir la population : « La France est le seul pays d’Europe à avoir instauré un pacte entre le monde agricole et la société, rappelle le sociologue Jean Viard. À l’époque de la Révolution française, on a attendu des agriculteurs qu’ils garantissent la République ; puis on leur a demandé d’assurer l’indépendance alimentaire [… ] Or aujourd’hui, la société leur demande encore autre chose ». Les enjeux se posent désormais à plusieurs niveaux : préservation de l’environnement, sécurité sanitaire, qualités nutritionnelles ; mais aussi et surtout performance, innovation et compétitivité. 

Dans un contexte d’économie globalisée, ces trois exigences placent l’agriculture au cœur des stratégies économiques de la France. De fait, le secteur agricole représente aujourd’hui plus de trois fois la richesse produite par le secteur automobile. Dégageant une valeur ajoutée supérieure à 30 milliards d’euros (Mds€), il pèse à lui seul 1,6 % du produit intérieur brut. Si l’on y ajoute la richesse produite par les industries agroalimentaires, également de l’ordre de 30 Mds€, l’ensemble du secteur agricole et agroalimentaire atteint 3,5 % du PIB1. 

La filière céréalière participe à l'excédent commercial de la France


Ⓒ Intercéréales

« Au cours des 60 dernières années, le secteur a connu une évolution déterminante, explique Christian Saint-Étienne, professeur d’économie au CNAM et président de l’Institut France Stratégie. Il est passé d’une agriculture de subsistance à une agriculture de création de richesses, ce qui répondait à une demande forte de la société. On lui a demandé d’exporter, d’intégrer les progrès de la science… et les agriculteurs ont adhéré à ce projet. »

Alors que certains secteurs, comme l'aéronautique ou encore la cosmétique, ont connu un fort déclin en 2021 conséquence de la crise sanitaire, le secteur agroalimentaire est resté relativement stable, dégageant une balance extérieure excédentaire de 8, 2 milliards d’euros. Et les céréales y contribuent fortement. 2ème poste excédentaire après les boissons, les céréales (grains bruts et produits transformés) participent pour plus de 7 milliards d’euros à ce solde agroalimentaire2. 

Un secteur à fort potentiel de croissance 

Selon l’économiste Marc Touati, « le monde des céréales est au cœur des deux révolutions technologiques qui sont en train de se mettre en place à l'échelle de la planète : les NTE (nouvelles technologies de l'énergie) et les NTA (nouvelles technologies de l'agro-alimentaire). Il pourrait donc devenir un des principaux moteurs de la croissance des dix prochaines années. Et l'Europe, dont la France, y occupe une place de premier plan, qu'elle aura d'autant plus intérêt à maintenir. »


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Une vision que corroborent pleinement les prévisions concernant la demande alimentaire. Ainsi, à l’horizon 2050, la demande mondiale de céréales s’élèvera à 3 Mds de tonnes (+50 % par rapport à 2010)4. Or, les hausses de production réalisables dans les pays émergents ne suffiront pas à équilibrer l’offre et la demande au sein de chaque zone géographique, et le taux d’insuffisance pourrait atteindre 80 % dans certaines régions d’Afrique du Nord et du Proche Orient. Ce sont donc les pays à fort potentiel excédentaire, à l’image de la France, qui devront produire les céréales nécessaires pour compenser les déficits de production des pays en développement. 

 

Afin de contribuer à répondre à ce défi planétaire, la France devra augmenter sa production de 28 millions de tonnes5 d’ici 2050 (+44 %), soit environ 500 000 t supplémentaires par an.  Cet objectif représente une trajectoire qui contribuera à la croissance du PIB tout en permettant à la France de consolider ses positions dans la production européenne et mondiale de céréales.

1. Source : Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, 2019
2. Douanes françaises, 2021
3. Source : Le Huffington Post, 22 janvier 2014
4. Source : FAO
5. Source : Dossier de presse Passion Céréales, « Nourrir 9 milliards d’hommes en 2050 »